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4 – Le Grand, Amandine et nous

Rino Manzetti ou Le Grand

Il est l’arrière-arrière-petit fils d’Ignacio, immigré sarde parti rejoindre le corps d’élite des maçons creusois. L’hiver venu, Ignacio reconstruisait Paris et retournait  aux champs avec ses frères du Plateau des Millevaches, dès les premiers travaux de printemps. Pur anar, tailleur de pierre d’exception, agitateur d’idées et de foules, il avait enraciné son patronyme au plus profond des terres du Limousin. Les Manzetti avaient plus tard choisi le sud pour élargir le champ des possibles, ouvrant ainsi la voie des excès urbains  dans laquelle plus tard le petit  Rino n’allait pas manquer de s’engouffrer dans sa parenthèse marseillaise. Il est aujourd’hui une personnalité du milieu, Il a surtout été le magicien de notre enfance.
Boule, sa vieille amie, nous embarquait dans le « Cevenol » dès les premiers jours des vacances scolaires. Amandine, Casa et moi partions vers des séjours mémorables dans la vieille grange que son vieux pote avait restaurée entre Felletin et Saint-Georges de Nigremont. Nous y avons passé le meilleur de nos jeunes années.
En Creuse, Rino suivi de Casa, prenait la tête des battues aux sangliers, Amandine et moi enfourchions nos vélos dans les chemins d’herbes et de cailloux bordant la Rozeille. Maculés de boue, nous recherchions des branches de noisetiers droites et vigoureuses qui nous servaient à conduire les vaches jusqu’à l’étable de Gilles, le voisin de Lacour.
Manzetti était très vite rappelé pour ses affaires et nous restions avec mamie Boule dans ce petit royaume qu’il nous aménageait, et qui avait été le sien.
A sentir à plein poumons la terre humide des sous-bois, à marcher dans les ruisseaux, à se nourrir en automne de ceps grillés à la flamme, à se rafraîchir au printemps de la sève des bouleaux du Père Antoine, Amandine s’allégeait du poids de son histoire. Elle qui toujours, cherchait du regard une maman qu’elle s’inventait,  elle qui avait peur de faire mal, n’avait plus peur. Même si elle avait encore mal. Dans la maison, les matins étaient joyeux et les rires fusaient quand Boule nous coursait pour la douche, puis encore quand elle nous frottait avec des brins de lavande qu’elle ramenait de Valensole. Comme on sentait bon, devant notre bol de café au lait et nos tartines. Comme c’était bien d’être ensemble.
Manzetti repartait laissant aux garçons la consigne de veiller sur Amandine. Cette affection pour la « petite » n’a jamais faibli, et il avait confié à Casa son inquiétude sur les risques qu’elle prenait dans des luttes militantes . Mais Amandine était ainsi et Il s’efforcait de maintenir une distance telle, que l’image qu’il projetait n’assombrisse l’avenir de la « petite ».
20 ans plus tard, l’épisode du « cash Back » dès Villas Marines confirmera ce lien fort indéfectible

Teaser Prochain épisode 5 – CASH BACK

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