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Le petit garçon dans la boulangerie

Je ne me sens pas à ma place dans les boulangeries bio. Le prix du pain a dépassé celui de la viande, et les patrons ont rarement une dégaine de boulangers. Ils portent parfois de beaux tabliers, rarement des traces de farine.
Enfant, j’étais chargé d’acheter et ramener le pain à la maison. Notre père le signait au dos d’une croix chrétienne, avant de nous le partager à table. Sept frères et sœurs, papa, maman, pépé… . Dans les années 60, l’industrie pesait déjà sur toutes les productions et le pain n’était pas toujours fameux, …mais maman avait dit que c’était le corps du Christ distribué aux fidèles. Le pain nous réunissait. Je ne suis pas un habitué des offices religieux, mais l’idée de communion me plaît.
Je n’aime pas les nouvelles chapelles bio dirigés par d’anciens cadres des ressources humaines, ou publicitaires repentis,… Le petit garçon que j’étais n’y aurait pas sa place. Le pain y est toujours froid, souvent cher, pas d’odeurs de levain portées par les vapeurs chaudes du four, ni le son des croûtes qui crepitent encore dans les présentoirs.

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