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1 – Raclée au Hangar à Bananes …

Les beaux yeux globuleux de Sergueï se posent sur moi.

– Eh! Garçon, c’est toi le pote à Casa ?….
Je lui réponds, comme on doit répondre quand on n’a pas peur des voyous..
– Qu’est ce tu veux chez moi, gros… D’où on se connaît tous les deux ?
La main sur la poche-revolver, il enchaîne – » Viens avec nous, on va faire une ballade. »
Un voyou t’appelle « garçon », quand tu as un problème avec lui. Il pointe son doigt vers la grosse caisse noire garée à quelques mètres de là…. »Allez, monte ! ». C’est parti, ça roule … Ils passent sans complications les contrôles d’accès au port. Euroméditerranée a transformé la Joliette en un vaste chantier. D’immenses hangars vides, en ruines. Pas un chat, seulement eux et moi.
Santelli le corse et Sergueï le russe, c’est la voyoucratie de bas étage. Ils n’ont pas inventé l’eau chaude, mais ils cognent. Fort.
On est devant l’ancien Hangar à  Bananes. Jeune homme, j’y ai bossé trois semaines, et s’ils étaient d’humeur, je leur en toucherais deux mots. Mais ils ne font pas dans la nostalgie…
– Alors, où il est Casa ?
– Je sais pas où il est, gros…
Je l’appelle gros sans sa permission. Il n’aime pas..
Je prends un revers du coude qui m’étourdit. Tout ça va mal finir… A cet instant, ma technique c’est de morfler cher pour moins sentir les indélicatesses qui suivent… Un coup de pied dans la tête et déjà mon esprit s’envole…  Je dis vague. J’aime ce Port, celui qui sent le mazout, celui où tu t’embarques pour partir loin, celui que te racontent les marins et les dockers. Cette grosse brute de Sergueï ignore le vague à l’âme. Je le lis dans ses yeux de fou. À cet instant, Il va frapper ! Violemment. Je prends sur la nuque un coup à assommer un bœuf.
– Alors, où il est Casa ?
– J’en sais rien ! Comment je dois te le dire ?
Les deux enflures me punissent. Coups de pieds, de genoux, le gros a la tronche comme une enclume, son coup de boule m’a fracassé la cloison nasale. Adossé à l’un des piliers du hangar à bananes, soûlé de  coups, je suis sur le cul,  – « Dans ma jeunesse, j’y ai bossé quinze jours au hangar à bananes, et si j’étais en état….. « , mais Sergueî m’a chopé par le col et remonté à la verticale. Il a des avant-bras de bûcheron ce fils de pute, et quand il frappe, il pousse des …han ! aussi fort que Nadal quand il balance son coup droit.
Je vais craquer… dans un souffle je parviens à articuler :
– Hé, Sergueî…
Il a un petit air réjoui, il me sourit..
– Tu veux parler, Bichon ? Il adresse un clin d’oeil satisfait à Santelli qui tire sur une clope… , « Allez ma poule, parle moi de Casa, laisse-toi aller ! »
J’ai le souffle court, j’en peux plus…il se rapproche,  tend l’oreille…Tout près.
Je lui glisse :
– Tu me fais bander !
Je l’ai énervé. Déjà,  je regrette.. il arme son gauche…

HHHaaan ! Plus de sons, plus d’images

Des vigiles du PAM m’ont ramassé  quelques heures plus tard. Ils ont l’habitude, un appel au 17 et je me retrouve au commissariat central
– Qu’est ce qui t’est arrivé ?
– Je vous dirai ça quand j’aurai récupéré, j’ai rien compris. Certainement des mecs bourrés. .
J’ai signé, je me suis cassé.

Ecoutez le Teaser du Prochain épisode…  CONTRAT SUR KARENKA :

 

J’aime ce Port, celui qui sent le mazout, celui où tu t’embarques pour partir loin, celui que te racontent les marins et les dockers.
Marseille, côté Port Autonome..

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