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LE BOURREAU DES CALANQUES

LES VIKINGS

 
Félix est mort. D’inquiétude et d’une balle de 11.43 tirée a bout portant dans la tempe. On l’a retrouvé dans son Audi, kalach sur la poitrine, prêt à vendre chèrement sa peau, mais assoupi. Probablement. Ce matin, rendez-vous au crematorium. Dix jours pour avoir le permis d’inhumer. On va cramer Félix, dit l’Africain. Depuis que le TGV à mis le Parc des Princes à 2h30 du Vélodrome, Marseille n’enterre plus ses morts.  La flambée du prix du m2 habitable pèse sur le repos éternel car on n’étendra plus le domaine réservé à la mort. C’est pas rentable….    Les cimetières étant maintenus dans leur portion congrue,  une campagne souterraine a instillé chez les mortels, l’idée qu’il faut aller au feu après son dernier souffle. Inexorablement, le phénomène a pénétré les esprits. Allumer les fours crématoires est devenu la norme. Pour autant, livrer son corps au feu après la mort, me paraît étrange. Nettoyez les traces, effacer les indices sont des précautions observées dans tout contrat narcotrafiquant exécuté avec compétence. Pourquoi l’honnête homme s’infligerait-il le bucher ?…
L’idée d’une poterie industrielle renfermant mes poussières, qu’un bringueur mal réveillé viderait dans les chiottes le lendemain d’une nuit trop arrosé, m’amuse… moi, je préfère imaginer quelques feux follets faisant une dernière fois vibrer mes restes, les nuits d’été d’un cimetière de campagne. Pourtant,  je suis prêt à renier toutes les lignes qui précèdent,  pour un embrasement de mon corps pareil à la fin magnifique de Kirk Douglas dans « Les Vikings », film et chef d’œuvre absolu de Richard Fleischer.
Ça, au moins, ça avait de la gueule…
(extrait Le Bourreau des Calanques Anatole Nils)

 

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