Il y a quelques mois encore, c’était facile de revenir en 1960. il suffisait de pousser la porte du restaurant L’Eau Vive de Notre Dame de La Garde. C’était pratique, on voyageait dans le temps, et nous aimons tous voyager dans le temps. Les prix étaient modiques, les plats globalement ternes et médiocres mais servis par des dames bienveillantes et souriantes. A la place du » bon appetit », l’une d’elles m’avait dit « mangez lentement ». Comme on le dit en Chine. « Man man chi »,on a le temps.
Rétribuées 15 à 20 euros par mois, elles étaient venues d’autres continents, remettant leurs destins et leurs passeports à des responsables d’associations condamnées en août dernier par les tribunaux. Il était temps. Depuis des années, à quelques pas du siège du diocèse, elles souffraient. Dans le silence et l’aveuglement.