Je suis dans sa ligne, je le vois, il me voit, il me fixe, … il se détourne et disparaît. Sur le chemin qui va de Méjanes à Cacharel, j’ai croisé le regard d’un animal potentiellement tueur d’homme. Un taureau de combat. Là, à cinquante mètres, derrière une barrière éphémère. Ça m’a rappelé qu’on est aussi de la viande. Je l’avais occulté, je m’étais extrait du vivant.
Alors que je déjeunais en compagnie de Jacques et Isabelle Giraud, émérites éleveurs de taureaux de combat, je n’ai pas su évoquer cet instant unique. Il ne s’agit pas d’une anecdote que l’on glisse pendant les réjouissances d’un repas. Plutôt un moment de grâce, au delà de la peur, qui m’a rappelé notre appartenance au sauvage.