Libération titre : « Stupéfiante découverte d’une grotte marine dans les calanques de Marseille, 21 dépouilles enrocaillées dans…. «
La Provence a sorti la grosse artillerie. Hormis mai 93, l’OM championne d’Europe, de mémoire de marseillais on n’a pas l’exemple d’un émoi aussi grand. Le quotidien titre : « Le Bourreau des Calanques », souligné par un paragraphe qui force la lecture : « Vingt et un squelettes inhumés religieusement, découverts dans une grotte située entre Morgiou et PortMiou. Selon la police, il s’agirait … ». Les photos qui illustrent les articles montrent des hélicoptères survolant la magnifique portion côtière qui s’étire de Marseille à Cassis. Micros tendus, journalistes locaux et parisiens font le siège des départs de navettes qui promènent les touristes vers Morgiou, Sugiton, En-Vau, PortPin, Plane, Maïre, La Mounine … Les hôtels sont pris d’assaut par des équipes entraînant dans leurs sillages des caravanes chargés de matos média badés par les passants surpris de l’hystérie. A Paris, les conférences de rédaction font l’impasse sur les réformes que le gouvernement entend imposer… et qu’il serait heureux de voir avancer dans cette confusion providentielle. France2 a révisé ses classiques et nous ressert le Comte de Monte Cristo et l’abbé Faria, Tf1 nous la joue balade à travers les richesses de la France éternelle. Monsieur le Maire de Marseille accorde des entretiens à tous les micros qui se tendent, regrettant qu’une fois encore les médias amplifient des phénomènes mineurs comme la sardine qui boucha le port de Marseille. Quai des Belges, le marché aux poissons est investi par des équipes en mission qui questionnent poissonnières et badauds.
– Dis-moi mon beau, si tu la veux pas ma rascasse, ne gêne pas le client. Allez, zou ! de l’air ! …
Les restaurateurs frétillent, les réservations s’accumulent, ils achètent dorades, sars, vives, oursins, violets… L’affaire renfloue l’économie locale. A l’heure où les capitaines d’industrie partent avec la caisse, le bourreau donne un coup de fouet à l’économie locale. … Et l’aile du papillon n’a pas fini de faire des ravages. Les hôtels, les cafés sont cafis de reporters, photographes, cameramen et autres intervenants qualifiés. Le peuple se fait petit mais il gène… il faut s’effacer devant l’urgence de l’info, le citoyen a le droit de savoir. Savoir en temps réel sur Lci, Cnews… Les comptoirs, les salons sont occupés en permanence, les personnalités locales invitées à donner leurs avis, le donnent, ceux à qui on ne demande rien le donnent aussi. Les historiens nous redisent que déjà Louis XIV craignait à Marseille, moins l’envahisseur que l’autochtone, il avait ordonné que les canons du Fort Saint Jean pointent sur la population, les experts ès banditisme resservent Spirito et Carbone, et on mélange le tout avec Delon, Belmondo,…Guerrini, Zampa et le Belge …. Les médias fabriquent de la matière, consistante, colorée, odorante, le téléspectateur est vorace, il en redemande … Tiens reprends-en !