Un petit vent d’ouest soufflait, ça sentait la pluie, les garçons de café repliaient les parasols. J’ai remonté le col de mon blouson. Lorsque le tonnerre éclate, je me trouve à la hauteur du Café Celou. C’est une sorte de cave, on y accède par quelques marches, côté rue deux fenêtres grillagées papillotent comme les yeux d’un vieillard. Marcello empile les journaux du matin sur ma table préférée. J’aime me retrouver ici, goûter à la tambouille du patron. Marcello, C’est le cuisinier blessé d’un monde qui ne lui fait plus ni chaud ni froid… comme le gratin Dauphinois qu il vient de me servir. Il fait tout. La cuisine, le service, le ménage… Il s’assoit à ma table, on dit tout et rien, comme on le fait avec un pote ronchon. J’entends sa voix fatiguée me raconter toujours les mêmes choses sans interet. Sauf pour lui et moi.
– Putain ! Fait un effort Marcello….. Sers chaud. Si ça régale pas, au moins ça réchauffe …
Ca le fait rigoler…. Il n’en a rien à foutre
– Mais yé néveut pas que tou té broule la bocca…
– Nous balance pas ton accent rital en bois… Tu sais, tu peux dire les mêmes conneries sans accent… Tu le sais ça ?
Bon, dis-moi, tu te doutes bien que je ne suis pas venu chez toi pour manger un gratin dauphinois, parce que pour tout de dire, il est pire que celui que j’ai mangé à ta table l’année passée à la même époque.
Parle moï plutôt de ce projet de dépollution de la zone où on prévoit un programme immobilier pour des nabab qui veulent nous croquer un bout de nos calanques…
Il m’indique de retourner à table et revient avec deux cafés et deux poires que j’évalue dès la première gorgée à plus de 50 Degrés.
Il pointe l’index vers Callelongue…